Utiliser l’Ad Blue en désherbant : Bonne ou mauvaise idée ?
Table des matières
L’AdBlue, bien connu pour son rôle dans la réduction des émissions des véhicules Diesel, a récemment fait l’objet d’une utilisation détournée comme désherbant. Cependant, il est essentiel de comprendre que cette pratique est non seulement illégale mais expose également à de sévères sanctions.
Composition de l’AdBlue
Composé à 67,5 % d’eau déminéralisée et à 32,5 % d’urée, l’AdBlue est principalement utilisé dans les systèmes de réduction catalytique sélective (SCR) des véhicules Diesel pour diminuer les émissions polluantes. Sa composition, bien que légèrement corrosive, est classée comme non dangereuse, étant ininflammable, non-explosive, biodégradable, incolore et soluble dans l’eau.
L’AdBlue en tant que désherbant : Une utilisation interdite
Malgré ses propriétés, l’utilisation de l’AdBlue comme désherbant ne correspond pas à son but initial et viole les réglementations en vigueur sur les produits phytosanitaires. En France, la législation encadre strictement l’utilisation de tout produit pour le désherbage. Seuls les herbicides ayant une autorisation de mise sur le marché et dont l’emploi est autorisé dans les jardins, ou certaines denrées alimentaires approuvées pour un usage herbicide, peuvent être légalement utilisés.
C’est le règlement européen 1107/2009, en son article 2, qui définit ce qu’est un produit phytopharmaceutique. Le point « d », définit les herbicides :
« Le présent règlement s’applique aux produits, sous la forme dans laquelle ils sont livrés à l’utilisateur, composés de substances actives, phytoprotecteurs ou synergistes, ou en contenant, et destinés à l’un des usages suivants:
[…] d) détruire les végétaux ou les parties de végétaux indésirables, à l’exception des algues à moins que les produits ne soient appliqués sur le sol ou l’eau pour protéger les végétaux; […]
Ces produits sont dénommés «produits phytopharmaceutiques».
Ainsi, n’importe quelle « préparation », fusse-telle « naturelle » utilisée pour désherber (et donc « destinée à détruire les végétaux indésirables ») est donc un « produit phytopharmaceutique » soumis aux règles prévues par les textes ci-dessus.
Inspecteur de l’environnement Service départemental de l’Aisne
Risques et Sanctions
L’usage détourné de l’AdBlue comme désherbant constitue un délit grave. Cette pratique illégale peut entraîner des sanctions sévères, incluant jusqu’à six mois d’emprisonnement et une amende pouvant atteindre 150 000 euros. Ces mesures reflètent la gravité de l’infraction et la nécessité de protéger l’environnement et la santé publique.
- Un produit qui détruit des plantes, peu importe sa nature, a très peu de chance d’être anodin pour l’environnement !
- Il est interdit d’utiliser tout produit ou substance pour désherber sauf :
- s’il s’agit d’un herbicide bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché et dont l’emploi est autorisé dans les jardins. En gros, ce sont les herbicides commercialisés en grande surface et jardinerie (attention aux ventes de produits interdits sur internet!).
- s’il s’agit d’une denrée alimentaire qui a été approuvée pour un usage herbicide. (seul le vinaigre est actuellement approuvé pour un usage généraliste et dans des conditions spécifiques : vinaigre à 10° maximum avec une dilution max 60%vinaigre/40% d’eau et deux applications maximum au cours de la période végétative)
Ne pas respecter cette règle constitue le délit d’ UTILISATION DE PRODUIT PHYTOPHARMACEUTIQUE NE BENEFICIANT PAS D’UNE AUTORISATION OU D’UN PERMIS DE COMMERCE PARALLELE (peines max : 6 mois d’emprisonnement et 150 000€ d’amende)
- Quel que soit l’herbicide utilisé :
- son application est interdite à moins de 5 mètres des « points d’eau » (art.12 de l’arrêté du 04 mai 2017) : indiqués en traits bleus continus ou discontinus sur les cartes 1/25 000 de l’institut national géographique.
- son application directe est interdite sur les éléments du réseau hydrographiques y compris les fossés, caniveaux… (art 4 de l’arrêté ministériel du 04 mai 2017)
Ne pas respecter une de ces règles constitue le délit d’ UTILISATION DE PRODUIT PHYTOPHARMACEUTIQUE SANS RESPECTER LES CONDITIONS D’UTILISATION DETERMINEES PAR L’AUTORITE ADMINISTRATIVE (peines max : 6 mois d’emprisonnement et 150 000€ d’amende)
Inspecteur de l’environnement Service départemental de l’Aisne
Bien que l’AdBlue soit un produit essentiel pour la réduction des émissions des véhicules Diesel, son utilisation en tant que désherbant est formellement interdite et fortement sanctionnée. Il est primordial de respecter les règles d’utilisation des produits chimiques et de choisir des méthodes de désherbage autorisées et respectueuses de l’environnement.
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