L’Ikebana l’art floral japonais
Table des matières
Le mot Ikebana vient de hikeru, faire vivre, et de hana, fleur.
Le mot Ikebana peut se traduire par : « créer et amener les fleurs à la vie »
L’Ikebana, art floral japonais, est un art millénaire dans lequel la disposition des éléments du bouquet est réglée par une symbolique précise, héritée du rituel bouddhiste.
Dans la conception, le bouquet peut être une pratique d’agrément, une recherche de l’esthétique ou un arrangement harmonieux de végétaux. Mais ce peut être aussi un moment de forte concentration, où le pratiquant essaie de s’unir à ce que les Japonais appellent » le cœur des fleurs « .
Chacun transpose dans le bouquet son énergie, ses goûts, son sentiment et une certaine harmonie avec la nature qui rendent chaque bouquet unique.
Que l’on fasse son premier ou son centième bouquet, l’émotion est la même.
C’est grâce à la régularité d’une pratique qui respecte toujours des principes de base que l’on peut s’initier ; c’est en découvrant progressivement les moyens qui permettent de se perfectionner que l’on entre peu à peu dans la profondeur et la sensibilité de cet art.
L’histoire de l’Ikebana
L’Ikebana est venu de Chine et de Corée en suivant la route de l’influence bouddhiste.
Au VIe siècle, des moines importent au Japon la pratique des offrandes de fleurs au Bouddha et le précepte d’arrangement floral, manifestation du rapport harmonieux de l’homme et de la nature.
Ils l’intègrent à la notion ancestrale de Hana, lieu de recueillement, situé sur une colline et planté d’un arbre sacré, symbole de la divinité.
A cette époque, l’art floral était réservé aux seuls moines. La symbolique des bouquets est fondée sur le principe masculin/féminin, intégré dans le Tout, l’univers. Le chiffre trois, la Trinité, principe de base de toute philosophie traditionnelle, en est le fondement.
Le Xe siècle voit la notion d’esthétique, de beauté, s’ajouter au caractère sacré des bouquets, ce qui permet aux » fleurs du temple » de sortir côté cour. Ce sont les jeux de Hana awase (jeux de cour).
Au XIIe siècle, cet art se simplifie. Le bouquet devient vertical (Tatebana qui signifie « être debout ») : c’est la première forme du rikka.
Au XVe siècle, cet art se codifie avec le premier traité d’Ikebana (Sendensho) et la création de l’école Ikenobo. C’est la naissance du bouquet de cérémonie (nouvel an, mariage, etc.) et du sentiment de Furyu : raffinement, élégance, beauté, légèreté.
Au XVIe siècle, apparaît le traité Senno Kudden où la notion de paysage entier est introduite : vision très chinoise avec les montagnes, les collines, les lacs, les chutes d’eau, les côtés ombre et soleil. C’est l’aboutissement du Rikka.
A la notion de Furyu (élégance, raffinement), s’ajoute celle de faste avec les énormes arrangements floraux.
A la même époque, une autre idée se développe : le Wabi, valorisé dans les cérémonies du thé.
Le Wabi est le retour à la simplicité, une seule fleur dans un vase, » un chrysanthème dans une jarre de terre, le lys candide dans une rustique bouteille de saké « . C’est aussi le retour au sacré avec la notion de rituel.
Le Wabi a amené le style Nageire qui veut dire « lancer, jeter, mettre dedans ».
Au XVIIe siècle, l’Ikebana devient accessible aux femmes et se transforme en art d’agrément. Parallèlement, on assiste à la naissance du style Seika qui reprend la notion de trinité des premiers bouquets.
Au XlXe siècle, on assiste à la multiplication des écoles et à la création du système Iemoto (père), où la transmission du savoir et du pouvoir se fait de père en fils.
A la fin du XIXe siècle et au début du XXe, se développe un style plus moderne, le Moribana. Sous l’influence étrangère, de nouvelles variétés de fleurs et de végétaux sont introduites au Japon.
Au début du XXe siècle, l’Ikebana est pratiqué couramment au sein de la maison par les femmes japonaises. Un lieu particulier appelé le Tokonoma reçoit la composition florale.
1939 : L’lkebana sort des maisons. Sous l’influence de l’art plastique européen, on parle de forme, surface, masse. On commence à utiliser des matériaux de type contre-plaqué, fleurs séchées, etc., dans la création de grandes structures ou de petits styles.
A l’heure actuelle, à côté des écoles très traditionnelles, se développent des styles d’avant-garde que l’on découvre lors des fréquentes expositions d’Ikebana, très prisées par les Japonais.
Les Styles
Un rossignol en se posant, a courbé la branche du prunier. J’ai cueilli la branche, je l’ai façonnée.
Haïkaï de Enomoto Kikakou
Styles traditionnels
Le RIKKA, forme née au XIIe siècle et qui a vu son apogée au XVIe.
Le SEIKA, simplification du Rikka née au XVIIe
Ces deux formes demandent de nombreuses années de pratique pour être maîtrisées. Elles sont donc de moins en moins enseignées, y compris au Japon.
Styles récents
Le Moribana est né au XIXe et se divise en style naturel et style libre. C’est le style enseigné en premier dans les écoles d’Ikebana. Il est le plus souvent composé de trois végétaux différents, arbres ou arbustres, fleurs, feuillages. Dans le style naturel (Chizenka) les végétaux sont respectés dans leur façon naturelle de pousser, en fonction du climat et de la saison. Dans le style moderne (Djyuka) on joue avec les notions de ligne de masse et de surface, pour une composition beaucoup plus libre.
Le Shoka-Henkei d’apparition très récente est une forme moderne du Seika, composée de trois végétaux différents.
Dans tous les cas, seule la pratique permet de réellement sentir ce qu’est l’Ikebana, à travers la relation entre le maître et l’élève et les corrections des bouquets. On ne peut pas faire de l’Ikebana sans une pratique longue et assidue.
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